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Préface 

 

Il ne fait rien comme tout le monde, et quand il fait semblant de faire comme tout le monde, ce n’est pas pour ne rien faire, mais pour changer les couches sales de la société et les bavoirs tachés de la parole ; c’est pour talquer les fesses les plus fragiles, de ceux qu’on abandonne dans le tour anonyme de la vie ; et surtout, pour faire un enfant dans le dos de la loi des plus forts ; des enfants qui grandiront libres, et ces enfants-là sont des poèmes, et celui qui ne connaît des vers que ce qui se passe dans les charniers, il lui fait juste retour des choses, bouffer les siens, rythme, musique et cadences du cœur, pour qu’il apprenne à faire enfin la différence entre les morts et les vivants.

Tardif est de ceux qui inventent la vie là où d’autres n’attendent de la vie que d’être inventés. Çà marche tout le temps, sa machine à rêver le monde, son mouvement d’aimer perpétuel, alors que tant d’autres ne trafiquent leurs breloques à seule fin qu’elle puisse marquer leur heure de gloire à eux ! Qu’on ne s’y trompe pas, on entend aussi ceux qui sont attentifs – grincer les roues dentées de la colère – ceux qui sont plus attentifs encore – menacer au silence de l’ombre à retardement dans l’écriture et son mystère généreux. Déjà, il a créé des types nouveaux d’hommes, debout : l’espagnol breton, l’anarchiste bien tempéré dont la seule beauté reste le métronome assourdissant…

Mais pourquoi continuer ? Dans la maison de l’amitié, il est la cave et le grenier ; le reste entre les deux il le laisse à tout le monde ; ce que justement il n’est pas. Il aime ce raccourci entre le monde d’en haut et celui d’en bas : quelque chose de l’ordre de l’éclair dans un œil bleu d’été dont il se servirait comme d’un nœud dans un mouchoir pour ne rien oublier.

Salut l’artiste

Werner Lambersy